M. Le Pen n'est pas un négationniste. Mais contre M. Le Pen, tout le monde s'acharne injustement même s'il faut annuler les règles démocratiques.
Le Pen n'a jamais nié l'existence des chambres à gaz ou du génocide Juif.
Lorsqu'un journaliste lui a demandé ce qu'il pensait des thèses révisionnistes remettant en cause les chambres à gaz, il a répondu en toute bonne foi qu'il était partisan de la liberté d'expression dans tous les domaines, y compris l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale, et a qualifié de « point de détail », c'est à dire une partie d'un ensemble selon la définition d'un point de détail, la méthode employée pour ce génocide, tout en reconnaissant explicitement la mort en masse des Juifs qu'il avait déjà reconnue un an plus tôt.
Voici les propos complets que peu de personnes connaissent réellement, car jamais diffusés et d'habitude remplacés par des morceaux de phrases extraits de leur contexte et souvent transformés :
Olivier Mazerolle : Beaucoup de gens considèrent que vous êtes raciste ; vous avez d'ailleurs fait de nombreux procès que vous avez gagné sur ce thème. Condamnez-vous les thèses de MM. Faurisson et Roques selon lesquelles les chambres à gaz n'auraient pas existé dans les camps de concentration ? Je vous pose la question parce que, lors de la manifestation pour la fête de Jeanne d'Arc organisée par le Front National en mai dernier, il y avait dans le cortège des jeunes gens au crâne rasé - je ne dis pas qu'ils ont été convoqués par vous - qui distribuaient des tracts sur lesquels était écrit que les chambres à gaz n'avaient pas existé.
M. Le Pen : D'abord, Jeanne d'Arc n'appartient à personne, mais à tous les Français. Je ne suis pas le responsable de l'organisation de la fête de Jeanne d'Arc. J'y convoque les gens du Front National. Je suis d'ailleurs étonné de voir que certaines émissions de télévision, par exemple Sept sur Sept, n'ont pas hésité à découper le défilé du Front National pour y insérer le défilé d'une autre formation passée une heure et demie après, ce qui est une escroquerie morale. Cela participe de la même désinformation. Moi, je ne suis pas responsable des gens qui se promènent dans la rue, ni de l'opinion qu'a telle ou telle personne, sur tel ou tel sujet.
Olivier Mazerolle : Sur le fond, que pensez-vous des thèses de MM. Faurisson et Roques ?
M. Le Pen : Je ne connais pas les thèses de M. Faurisson ni de M. Roques. Mais quelles que soient ces thèses, et quelles que soient celles développées intellectuellement, je suis un partisan de la liberté de l'esprit. Je pense que la vérité a une force extraordinaire qui ne craint pas les mensonges ou les insinuations. Par conséquent, je suis hostile à toutes les formes d'interdiction et de réglementation de la pensée. Nous avons un Code pénal qui s'applique si les gens violent la loi. Tout ce que nous savons sur l'histoire des guerres nous apprend qu'un certain nombre de faits ont été controversés et discutés. Il a fallu cinquante ou soixante ans pour savoir ce qu'il était arrivé exactement au Lusitania. Je suis passionné par l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale. Je me pose un certain nombre de questions. Je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé. Je n'ai pas pu moi-même en voir. Je n'ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale.
Paul-Jacques Truffaut : Six millions de morts, c'est un point de détail ?
M. Le Pen : Six millions de morts ? Comment ?
Paul-Jacques Truffaut : Six millions de Juifs morts pendant la Seconde Guerre mondiale, vous considérez que c'est un point de détail ?
M. Le Pen : La question qui a été posée est de savoir comment ces gens ont été tués ou non.
Paul-Jacques Truffaut : Ce n'est pas un point de détail !
M. Le Pen : Si, c'est un point de détail de la guerre. Voulez-vous me dire que c'est une vérité révélée à laquelle tout le monde doit croire, que c'est une obligation morale ? Je dis qu'il y a des historiens qui débattent de ces questions.
Paul-Jacques Truffaut : Une immense majorité d'historiens et quelques autres l'ont dit et prouvé.
Olivier Mazerolle : Vous-même, monsieur Le Pen, considérez-vous qu'il y eut un génocide juif par les chambres à gaz ?
M. Le Pen : Il y eut beaucoup de morts, des centaines de milliers, peut-être des millions de morts juifs et aussi des gens qui n'étaient pas juifs. Je suis étonné de devoir, à chaque émission de télévision et de radio, répondre à des questions qui prennent une forme inquisitoriale.
Olivier Mazerolle : Pas du tout !
M. Le Pen : ... Et qui sont toujours les mêmes : est-ce que vous croyez à ceci ? Êtes-vous d'accord avec M. Untel quand il dit cela ? Moi, je suis Jean-Marie Le Pen, j'écris et je parle. C'est sur les opinions que j'exprime que je dois être jugé. Est-ce que je crois ceci ? Est-ce que je crois cela ? Est-ce que Je crois en Dieu ? Est-ce que je n'y crois pas ? Est-ce que je crois à la Vierge Marie ? Est-ce que je crois au péché ? Je n'ai pas à répondre à ce genre de question.
Ainsi, pour toute personne intellectuellement honnête, les propos de Le Pen sont clairs : « La question qui a été posée est de savoir comment ces gens ont été tués ou non » et « Je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé ».
Précisons que lorsqu'il dit : « La question qui a été posée est de savoir comment ces gens ont été tués ou non », ce n'est pas lui qui introduit le doute « tués ou non » comme cela est parfois objecté. Il ne fait que reformuler la question posée par le journaliste évoquant les thèses révisionnistes, qui elles, remettent en cause un certain nombre de morts.